Jeunes parents, n’écoutez pas ces idées reçues !
Les idées reçues sont nocives car elles revêtent un caractère irrémédiable. Le verdict est sans appel pour le parent qui sent alors dévalorisé dans son rôle. C’est mettre également une épouvantable pression sur les parents (si tu agis ainsi alors ton bébé sera comme ça). Les jeunes mamans ont déjà de nombreuses inquiétudes et doutes, il n’en faut pas plus pour les déstabiliser davantage.
C’est pourquoi chaque semaine, je dénonce une idée reçue et véhiculée par la société.
Faites-vous confiance, vous, parents êtes les
mieux placés pour prendre soin de votre bébé !
#1 laisse le pleurer, il se fait ses poumons
Votre bébé pleure et votre entourage vous suggère de le laisser pleurer sous prétexte que « C’est bon pour ses poumons ! ». C’est en effet, une vieille croyance qui est encore largement utilisée et énoncée aux parents répondant biologiquement aux pleurs de leur bébé. Les neurosciences ont démontré que laisser pleurer un bébé n’est ni bon pour lui ni pour ses poumons. Si votre bébé pleure c’est qu’il est dans un inconfort (besoin non assouvit, surcharge d’émotions, besoin de changement position, trop de stimulation, etc.). Le nourrissons n’a pas la capacité de se dire « ça va passer » ou que « maman viendra tout à l’heure ». Il a besoin de vous, alors ne les écoutez pas et suivez votre instinct.
#2 Une tape sur les mains ne fait pas de mal
Pour faire comprendre à un enfant d’un an et plus que l’on ne peut pas toucher quelque chose on a tendance à lui faire une petite tape sur la main. Un petit geste anodin accompagné des mots « on ne peut pas » qui a pour but d’arrêter le geste de l’enfant et de faire en sorte qu’il ne recommence plus. Malheureusement, c’est déjà les prémices de la violence éducative ordinaire. S’autoriser un tel acte pourrait amener par la suite une escalade de gestes de plus en plus violents par manque de solutions. Frapper sa main quand nous ne sommes pas d’accord c’est montrer à l’enfant une banalisation de la violence et lui inculquer que s’il n’est pas d’accord taper est une solution. N’oublions pas que nous sommes le meilleur exemple pour nos enfants. De plus, taper la main des enfants en bas âge est dangereux car les ligaments, les nerfs, les tendons et les vaisseaux sanguins sont juste sous la peau qui ne comporte aucun tissu de protection. De même que les plaques de croissance des os sont vulnérables et tout choc occasionné peut entrainer des fractures.
#3 Un petit garçon ça ne pleure pas !
« Les garçons ne pleurent pas, ils doivent être fort ! » voici une phrase qui est passée dans le langage courant. Combien de fois n’avons-nous pas déjà entendu cette injonction au hasard de nos promenades et de nos rencontres ? Les gens continuent sans le savoir, sans le vouloir d’ailleurs, par habitude, à reproduire les mêmes processus qui transportent les mêmes idées. Nous sommes tous entraînés, malgré nous, à utiliser les stéréotypes.
Voilà pourquoi chaque lundi j’attaque les idées reçues, non pas pour faire culpabiliser les parents d’agir ainsi, mais pour semer des graines, pour faire prendre conscience qu’il y a possibilité d’agir autrement et de prendre du recul sur l’éducation que nous voulons pour nos enfants.
Pourquoi si une petite fille tombe et pleure parce qu’elle a eu mal ou elle a eu peur nous allons aller vers elle et la consoler ?
Pourquoi si un petit garçon pleure pour la même raison nous allons lui dire « ne pleure pas mon fils, tu es fort. Un garçon ça ne pleure pas ! » ? Pourquoi un
garçon qui pleure est signe de faiblesse ?
Nous sommes tous identiques dans l’expression de nos émotions que nous soyons une fille ou un garçon. Après une réaction de stresse, les larmes font partie intégralement du processus de guérisons et permettent de se sentir soulagé. Or, par cette phrase, chez le petit garçon, nous bloquons le processus de guérisons, nous empêchons l’expressions des émotions. Elles sont donc contenues et tenterons de ressurgir sous une autre forme (ex : la colère) à la moindre occasion « acceptable » pour le parent.
Cela est également valable pour d’autres injonctions comme : « Ne pleure pas ! » ; « On ne se plaint pas !» ; « Tu pleures pour ça ? » ; « Arrête ton caprice ! » ; « C’est rien… » ; « Bouh, le bébé qui pleure. » ; « T’es pas beau/belle quand tu pleures » ; « Si tu pleures, tu seras puni/e » ; etc.
L’interdiction d’exprimer ses émotions, ses douleurs ou ses frustrations par des pleurs ou verbalement amène une souffrance intérieure qui s’amassent jusqu’à l’âge adulte pour trouver alors une forme d’exutoire pouvant aller de troubles psychiques mineurs, la reproduction de violence éducative ordinaire, etc…
Notre rôle de parent est donc d’accueillir les émotions de nos enfants et de les accompagner dans le développement de leur intelligence émotionnelle avec bienveillance et empathie.
#4 La pédagogie Montessori s’apparente à du laxisme
Dans la pédagogie Montessori, l’enfant est le moteur de son propre apprentissage. Il a donc le droit d’entreprendre les actions et les activités qu’il souhaite, au moment où il le souhaite. Et ceci afin que l’enfant soit toujours motivé dans tout ce qu’il réalise. Cette pédagogie favorise ainsi l’autonomie et la prise d’initiative, mais toujours en gardant un cadre bien précis. La liberté des enfants s’accompagne donc de règles clairement définies comme par exemple : le respect des autres et de l’ambiance créée ; l’importance de ranger chaque chose à sa place après chaque activité ; d’être à l’écoute des autres ; etc. Le fait de ne pas imposer sa volonté à tout prix à l’enfant n’est pas du laxisme, bien au contraire. Il s’agit de le laisser faire ses propres choix dans un cadre défini. Les adultes suivant la philosophie Montessori, agissent devant l’enfant avec humilité et l’accompagnent dans son apprentissage, mais en aucun cas ne se montrent tout-puissant et détenteur du savoir universel.
#5 allaiter fait grossir
#6 Il est trop grand pour avoir des câlins.
Quand nous avons un nourrisson, nous le prenons facilement dans les bras pour le câliner, mais quand ce même enfant grandit, petit à petit, nous prenons moins ce temps avec eux. Certains affirment même à leur enfant « Tu es trop grand pour avoir des câlins ».
Or, nous avons toujours besoin de câlins et tout le monde en a besoin. Le câlin et la sécrétion d’ocytocine (l’hormone libérée par le câlin) vont entraîner un effet d’apaisement et une sensation de bien-être immédiat. Les contacts doux font maturer le cerveau, ils activent le cortex pré frontal, et permettent de sécréter des molécules bienfaisantes et anti-stress comme l’ocytocine, la dopamine, l’endorphine et la sérotonine (stabilisateur d’humeur).
Si vous avez un grand enfant de par exemple 10 ans, il va encore bien souvent vers maman, papa et ses frères et sœurs pour faire des câlins, mais surtout pas en public. Il risque aussi de se braquer si on lui en demande sans cesse. Il a besoin de pouvoir demander et venir chercher le câlin au moment où il en a besoin, au moment où le câlin lui permet de se réconforter. En effet, les enfants ont un besoin vital de protection, d’amour, de proximité et de présence, qui va leur permettre de constituer un socle de sécurité qui est essentiel pour leur construction d’adulte en devenir.
En conclusion, faire des câlins à son enfant quel que soit son âge est indispensable dans la mesure où nous respectons ses désirs et son corps.
#7 Les parents positifs pensent que ceux qui ne pratiquent pas l’éducation positive sont de mauvais parents, malveillants ou négatifs.
Alors ce n’est pas parce que l’on est pas pour l’éducation positive que l’on est automatiquement malveillant !
De plus, les piliers de la parentalité positive sont entre autres : le non jugement, la bienveillance, l’empathie, l’ouverture d’esprit, l’écoute, … Je vois donc mal une personne qui a une telle philosophie, critiquer un autre parent ou penser que c’est « un mauvais parent » (j’espère, en tout cas).
Par contre, il est vrai que quelqu’un qui est dans le fonctionnement d’une éducation positive va avoir mal au cœur s’il est témoin d’une humiliation, d’une violence ou d’une injustice au près d’un enfant. Mais encore un fois, il va avoir de l’empathie pour ce parent en se disant que s’il est comme ça avec son enfant, c’est que lui-même a dû subir ou vivre des choses difficiles.
#8 L’aider à marcher avant 1 an, c’est bon pour son développement
Comme la marche dépend de la motricité globale, l’enfant doit, pour apprendre à marcher, avoir déjà développé les grands muscles de son tronc qui soutiennent et permettent les mouvements du cou, des épaules, du dos, des bras et des jambes.
Pour que le bébé puisse marcher, son cerveau doit aussi avoir atteint un certain stade de développement et être capable d’envoyer les messages appropriés aux muscles.
Avant de marcher, l’enfant doit donc :
- Contrôler les mouvements de sa tête ;
- Se tenir assis sans soutien pendant de courts moments ;
- S’accroche aux meubles pour se mettre debout
- Marcher de côté, toujours en s’appuyant sur les meubles
- Se tenir debout sans appui
- Marche seul quelques pas
Rien ne sert de forcer un bébé à essayer de marcher. Il marchera quand il sera prêt mentalement et physiquement. Le bébé a besoin de découvrir l’espace à son rythme, en fonction de la maturation de son squelette, du développement de ses muscles. L’acquisition de la marche, en moyenne entre 10 et 18 mois, se fait plus ou moins vite selon chacun, parfois plus tardivement, en passant ou non par la phase « je rampe ». De nombreux facteurs influent sur l’âge auquel les premiers pas sont faits, par exemple le tempérament, les préférences, la grandeur, le poids et la force musculaire de l’enfant.
Dans l’apprentissage de la marche, il faut éviter certaines manœuvres :
- On évite de lui tenir les mains sans arrêt : quand un bébé est debout, il faut le laisser expérimenter seul afin qu’il découvre les déséquilibres. Sinon il risque d’être dépendant de papa et maman.
- On ne le met pas debout trop tôt : de manière générale, il est préférable de ne pas positionner un enfant dans une position qui ne soit pas naturel pour lui et que cela ne vienne de sa propre initiative.
- On n’insiste pas et on ne l’oppresse pas : cela n’encourage pas un enfant qui n’est pas prêt. Il n’a pas besoin d’être sous pression, il évolue à son rythme. A faire : verbaliser différemment. Par exemple : « Viens me voir si tu es prêt ».
- On zappe le Youpala : le bébé y est suspendu, il n’est pas sur ses appuis, il n’utilise pas ses bras… Quand il se cogne dans un mur, c’est sa machine qui le fait, pas lui ! Donc il n’apprend pas les petits coups et les déséquilibres nécessaires à sa future marche. Un bébé qui pratique cet engin-là ne sait pas marcher comme il se doit lorsqu’il est debout.
Les enfants laissés libres de leurs mouvements ne se lancent pas dans ce qui les dépasse. Ils sont prudents, tombent moins et se font moins mal que ceux que l’on stimule ou accompagne en permanence. » Chantal de Truchis, psychologue, qui s’appuie sur les travaux de l’institut Pikler-Loczy (Budapest, Hongrie)
#9 signer avec son bébé retarde son langage.
Utiliser une communication gestuelle, comme vous le savez, comporte de nombreux avantages (voir : https://lecocondestefamille.be/atelier-pour-les-familles/). Avant de pouvoir utiliser des mots, votre bébé communique avec vous grâce au regard quand il est nourrisson et grâce aux gestes lorsqu’il grandit. Cette forme de communication est naturelle et instinctive. La langue des signes ne fait que proposer à votre enfant un outil qui l’aidera à être d’avantages en communication avec vous.
« Très bien » me direz-vous, « mais moi j’ai peur que du coup mon enfant ne parle pas ! ». Je comprends votre inquiétude, vous n’êtes pas le/la seul(e) à vous poser cette question ! Et là-dessus, je peux vous rassurer complètement.
Tout d’abord, la langue des signes est une langue de transition, comparable au 4 pattes. Une fois que l’enfant sait marcher, il se déplace debout pratiquement tout le temps. Il en va de même, une fois que l’enfant sait parler, il abandonne petit à petit la langue des signes et l’utilise éventuellement que en cas de situation difficile (fatigue, piscine, plaine de jeu, …)
De plus, des recherches sur trois décennies aux Etats-Unis et en Angleterre révèlent que « les bébés signeurs apprennent à parler plutôt et que quand ils se mettent à parler, ils ont un vocabulaire plus large et plus précis, ils ont des phrases plus longues et sont plus sur d’eux dans l’expression. » *
Alors du moment que l’on continue à parler tout en signant, la communication gestuelle n’est que positive pour l’enfant. Elle lui donne envie de communiquer et d’être en relation avec son entourage, elle stimule plusieurs zones du cerveau, elle favorise le développement cognitif, le développement émotionnel et le développement du langage de façon significative. Mais qu’importe que celle-ci rende l’enfant plus intelligent, la raison essentielle qui me pousse à faire connaitre cette approche est d’avantage le gain au niveau relationnel, au niveau de la confiance en soi et de l’estime de l’autre.
Le prochain atelier de langue des signes commence le 17 mars, il me reste quelques places.
*Nathanaëlle Bouchier-Charles, communiquer par signes avec bébé, jouvence 2014.
#11 Si tu le prends dans les bras, il va devenir capricieux
Encore une idée reçue que l’on entend souvent ! C’est vrai que l’on pourrait le croire, quand par exemple nous berçons notre bébé qui finit par s’endormir et dès que nous le posons dans son lit, il se remet à pleurer.
Or, le bébé a besoin d’attachement et d’amour autant qu’il a besoin de manger et dormir. Ce sont des besoins essentiels pour la construction de son développement. Pour ceux qui sont déjà venu à l’un de mes ateliers avec votre nourrisson, je vous ai surement parlé du concept du continuum, le 4ème trimestre de gestation (de Jean Liedloff). En effet, ce concept nous explique la nécessité de ne pas rompre le lien maman-bébé après la naissance et de le continuer par du maternage proximal (portage, allaitement à la demande, cododo, …).
De plus, remplir le besoin affectif de notre enfant ne peut que lui permettre de se sentir suffisamment en sécurité pour explorer son environnement. Mais, il ne s’agit pas non plus de le noyer de câlins. Combien de bébés installés au sol paisiblement, en train de jouer ou de rêver, prenons-nous dans les bras simplement parce qu’on a envie de leur faire un câlin, parce qu’ils sont bien mignons ?
Le bébé a en lui les capacités de se développer par lui-même s’il est comblé affectivement et s’il est libre de se mouvoir. Le bébé apprendra seul à se retourner sur le ventre, à ramper, etc. et aura la fierté d’avoir réussi seul. Il se sentira compétent, ce qui a un rôle important dans la construction de l’estime de soi et le développement de l’autonomie.
Donc n’hésitez pas, prenez votre bébé dans vos bras aussi souvent que nécessaire. Il sera nourri affectivement et grandira en confiance.
Mais au fait les caprices est ce que cela existe ?
Publié le 08/01/2018 à 16h14
Pint Stéphanie
Accompagnante parentale
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