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Pourquoi ne devrait-on plus mettre les enfants aux coins ?

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Pourquoi ne devrait-on plus mettre les enfants aux coins ?

Le coin (ou time-out) est le fait d’exclure l’enfant du lieu de vie/de jeu afin que celui-ci se calme et réfléchisse à son comportement.  Cette punition semble anodine, parce qu’il n’est ni question de violences physiques, ni de cris ou d’injures. Elle est considérée par beaucoup comme une sanction “douce”. Cette méthode disciplinaire est d’ailleur la plus utilisée par les parents et les professionnels de la petite enfance et est souvent recommandée par les professionnels de la santé.

Mais est-ce une méthode efficace ?

On espère qu’en punissant l’enfant seul dans un coin, il va se calmer (donc acquérir des compétences émotionnelles) et réfléchir à son comportement afin de ne plus le répéter à l’avenir (donc développer son savoir-être et le sens des responsabilités).  Mais, la plupart du temps, l’isolement suscite de la colère chez les enfants qui se retrouvent alors submergés par de violentes émotions incontrôlables. Dans un tel état, il est impossible pour l’enfant de s’auto réguler, ni de réfléchir.

De plus, l’enfant isolé du groupe va ruminer sur l’adulte qui l’a puni en pensant que celui-ci est méchant ou qu’il a subi une injustice.  Nous risquons alors de rentrer dans un jeu de pouvoir avec l’enfant où les punitions, les leçons de morale, les humiliations, les reproches vont le pousser à la fuite, à la révolte ou à la résignation.

Enfin, d’après les dernières recherches en neurosciences l’enfant apprend et grandit en se sentant en sécurité, en appartenance à un groupe, en connexion avec l’adulte qui s’occupe de lui et en se sentant compris et accompagné par ce dernier. Ce qui veux dire que l’on ne peut pas influencer un enfant de manière positive tant qu’on n’a pas créé une connexion authentique et sincère avec lui. Il est dès lors plus efficace de ne pas se focaliser sur le comportement inapproprié de l’enfant, mais de nourrir votre relation afin de remplir son réservoir affectif.

Est-ce une méthode bienveillante et douce comme on pourrait le penser ?

La bienveillance est la capacité à se montrer indulgent et attentionné envers autrui d’une manière désintéressée et compréhensive en se montrant empathique.  Donc envoyer un enfant au coin n’est nullement bienveillant et cela ne l’aidera pas dans l’acquisition de cette valeur ni dans l’apprentissage de la gestion de ses émotions. En effet, l’enfant ne peut pas développer ses capacités d’empathie ou de résolution de problèmes, car l’isolement le prive d’une occasion de se construire des compétences humaines.

D’autre part, isoler un enfant au coin sera souvent vécu par l’enfant comme un rejet.  Il est forcé à rester seul parce qu’il a commis une erreur ou parce qu’il traverse une tempête émotionnelle (colère).  Autrement dit, l’enfant est submergé par des émotions ou le stress (du au mécontentement du l’adulte), et il est contraint d’être seul dans cette détresse émotionnelle, alors qu’il aurait besoin de câlin et d’être accompagné afin d’apprendre à gérer ces émotions.  Les enfants ont en effet un profond besoin de connexion et de sentir cet amour inconditionnel qui l’unit à ses parents.

Par ailleurs, le coin promulgue l’idée chez l’enfant qu’il est digne d’intérêt que lorsqu’il adopte le comportement que l’adulte attend de lui. Or, il est important de montrer à l’enfant que l’expression de ses émotions ou de ses impulsions ne détruise en rien la relation qu’il a avec l’adulte, ni la personne qu’il est. En parlant, avec notre enfant, nous pouvons lui apprendre la différence entre son comportement et qui il est ; que nous avons tous le droit à l’erreur et que c’est ainsi que l’on apprend ; qu’il n’y a rien de honteux à vivre des émotions ;…

Ok, ce n’est pas bienveillant, mais est-ce nocif pour autant ?

Les comportements inappropriés de l’enfant masquent un besoin, un mal être. Son cerveau étant encore immature, il n’a pas encore construit la capacité à s’auto-réguler ou à le formuler. Son comportement est donc une demande d’aide, une tentative pour combler une insécurité affective. Quand la réponse parentale consiste à isoler l’enfant, ce besoin n’est pas comblé.

La “National Association for the Education of Young Children” (Association Nationale pour l’Éducation des Jeunes Enfants) inclut cette pratique dans la liste des mesures disciplinaires nocives, au même titre que les punitions physiques, les critiques, les reproches et les humiliations.  En effet, les scanners cérébraux ont révélé que la souffrance relationnelle (celle causée par l’isolement pendant une punition) active les mêmes mécanismes cérébraux que la souffrance physique (celle causée par une fessée ou tout autre forme de violence physique).

Dans quel contexte peut-on mettre un enfant pour un moment seul ?

Si au contraire du coin comme punition, nous proposons à l’enfant un endroit pour l’aider s’apaiser, un endroit calme et agréable avec des coussins, des outils pour gérer ses émotions (affiche, crayons et feuilles de papier, bâton de pluie, bouteilles sensorielles, balles antistress, animaux en peluche, …).  L’enfant a le choix d’y aller et de revenir quand il se sent mieux.  Par exemple en formulant avec douceur et empathie « Pour le moment, je vois que c’est difficile pour toi, tu peux aller si tu le souhaites dans le coin calme et tu reviens quand tu te sens mieux ».  Une fois le calme revenu, il est essentiel de parler à l’enfant, de mettre des mots sur ses émotions et ses besoins, sans nier sa douleur ou sa détresse. Ce n’est qu’une fois la colère passée que l’enfant à la faculté d’écouter l’adulte. Ainsi, nous apprenons aux enfants, que lorsque nous traversons des émotions trop fortes, il est préférable de prendre du recul et de s’auto-réguler un petit moment seul.  Comme les enfants apprennent beaucoup par l’exemple, ils utiliseront plus facilement cette méthode pour s’apaiser s’ils voient les adultes le faire également. Il est par ailleurs préférable, de mettre de la distance entre soi et l’enfant que de porter des gestes ou des paroles que nous allons regretter par la suite. Adulte comme enfant, nous devons apprendre à nous écouter, écouter nos besoins avant d’être submergé par des émotions trop fortes.

Ce type de discipline respectueuse est dès lors beaucoup plus efficace et gratifiante sur le long terme tant pour le parent que pour l’enfant.  Et ce n’est pas du laxisme que d’écouter et comprendre son enfant, cela relève de la bienveillance et du respect.

En conclusion

Il est nécessaire de changer son regard sur l’éducation et réfléchir aux valeurs que nous souhaitons transmettre à nos enfants. Grace aux neurosciences, nous avons aujourd’hui une vision plus approfondie et plus clair sur le développement de l’enfant.  Nous ne pouvons plus agir par habitude éducative « parce que l’on a toujours fait comme ça » ou « je n’en suis pas morte ».  Notre société doit maintenant se poser les bonnes questions en matière d’éducation.

Chaque parent désire voir leurs enfants devenir des adultes épanouis, non-violents, bienveillant, respectueux, empathiques, … Mais est-ce vraiment le type de comportement que nous adoptons à leur égard au quotidien ? 

Publié le 19/09/2018 à 14h20

Stéphanie Pint,

Accompagnante parentale au cocon de stéfamille.

Article soumis aux droits d’auteurs.

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En savoir plus

Références:

  • Thomas Gordon, “Eduquer sans punir” Editions : Poche Marabout
  • Aletha Solter, “The Disadvantages of time-out” , in Mothering Magazine, 1992, Revised and updated in 2000. Article disponible (traduction Française proposée) sur le site “Aware parentig” d’Atetha Solter  (parents conscients)
  •  Isabelle Filliozat, « Au cœur des émotions de l’enfant », Editions : Poche Marabout

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